
S.F.X. N°186
Cet édito était au départ prévu pour célébrer les 25 ans de S.F.X – et oui, le premier numéro est sorti en décembre 1991, ce qui ne nous rajeunit pas ! Si l’édito porte sur un autre thème, c’est qu’entre temps est sorti un film qui va marquer une date dans l’histoire des effets spéciaux, et peut-être même dans celle du cinéma. Rogue One est un vrai festival d’effets visuels de toute beauté, mais il y en a un qui mérite qu’on s’y arrête pour son importance historique (réalisé avant la sortie, l’entretien en page 14 fait l’impasse sur cet effet, secret oblige). Le film fait revenir un des personnages principaux de Star Wars: Un Nouvel Espoir, à savoir le gouverneur Tarkin. Or, son interprète Peter Cushing est mort depuis 22 ans ! L’acteur a été recréé en numérique par les magiciens d’ILM. Lorsqu’on le sait, l’effet n’est pas convaincant à 100%, mais nous en sommes diablement proches. Le miracle, c’est que la plupart des spectateurs ne remarquent pas que le personnage est une création numérique. Ils acceptent la réalité de l’acteur et du personnage à l’écran. Et ça, c’est une authentique révolution. Pour la première fois dans l’histoire du cinéma, un acteur créé par ordinateur tient un rôle de premier plan. Et dans une large majorité, le grand public n’y voit que du feu. Impressionnant.
Weta Digital avait ouvert la voie avec Paul Walker pour Fast & Furious 7, mais il ne s’agissait que d’une poignée de plans sans importance pour l’histoire. Dans Rogue One, le clone de Cushing fait partie intégrante du récit, avec de nombreux dialogues filmés plein écran. ILM signe-là un authentique exploit technologique et artistique. C’est tout simplement l’avancée la plus importante depuis Gollum, premier personnage humanoïde parfaitement réaliste. Inutile de dire que cette révolution ouvre des horizons vertigineux. Désormais, les images de synthèse peuvent redonner vie à n’importe quel acteur décédé. Ce qui pose de sérieux problèmes éthiques. Pour Rogue One, Lucasfilm a obtenu l’autorisation des ayants droit de Peter Cushing, mais lorsqu’il n’y en a pas ? Ou lorsque ceux-ci galvaudent l’image du défunt contre un gros chèque, comme la veuve de Fred Astaire qui avait accepté que son mari danse avec un aspirateur dans une publicité ? Et plus généralement, Peter Cushing aurait-il accepté ce rôle ? L’aurait-il interprété de cette façon ? Car si c’est bien son visage et son corps qu’on voit à l’écran, l’interprétation est celle d’un autre… Ne s’agit-il pas, dès lors, d’une trahison ? Ce débat, aussi inédit que passionnant, ne doit pas occulter la portée historique de cet effet visuel. Avec Rogue One, Lucasfilm et ILM ont définitivement fait entrer le cinéma dans le XXIe siècle.
Alain Bielik
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