S.F.X. N°184

L’année 2016 restera celle où le public s’est « rebellé », le moment où il a enfin sanctionné les suites inutiles et sans âme. Le bilan est terrible pour les studios : quasiment aucune suite ou remake ou reboot n’a obtenu les résultats escomptés. Entre déceptions et échecs cinglants, Hollywood va devoir se poser la question de la viabilité de sa stratégie : celle-ci est désormais entièrement basée sur les labels plus ou moins connus au détriment de projets originaux. Il faut reconnaître que cette année, les studios ont poussé le bouchon vraiment loin : qui avait demandé une suite à Alice au Pays des Merveilles, à Ninja Turtles, ou à Blanche Neige et le Chasseur… sans Blanche Neige ?! Et avait-on vraiment besoin d’une suite à Mariage à la Grecque, Zoolander, Nos Chers Voisins ou Insaisissables ? Sérieusement ?! Qui avait fait campagne pour un énième Tarzan, pour des remakes/suites de films datant de vingt ou trente (!) ans (Independence day, S.O.S. Fantômes) ? Qui n’a pas été déçu par des sagas usées jusqu’à la corde (L’Âge de Glace, X-Men) ?

L’année 2015 avait été celle de tous les records pour Hollywood, 2016 sera l’une des pires. Il faudra bien que les studios tirent les leçons de ce jeu de massacre : le public adore les suites lorsqu’elles sont pourvues d’une véritable âme et qu’elles proposent une expérience inédite. Cas d’école : Captain America et Le Monde de Dory, deux films qui enrichissent l’univers de l’original sans jamais prendre le spectateur pour un idiot.  Deux exceptions qui confirment la règle. Pour qu’une suite excite l’intérêt des spectateurs, il faut qu’elle ait une vraie histoire à raconter, et qu’elle ne soit pas un simple calcul financier destiné à satisfaire les actionnaires. Mais allez dire cela à des studios capables de mettre en chantier un… Rush Hour  4 ! 

Alain Bielik