S.F.X. N°180

On aime Star Wars, on adore Star Wars, mais là, il faut bien avouer qu’on frôle l’overdose. Ce n’est pas le film lui-même qui est en cause, mais l’ahurissant battage médiatique qui l’entoure. Aucun film n’a jamais bénéficié d’un tel ramdam. Partout des dossiers dans la presse, des jouets dans les vitrines, des milliers de pages sur Internet, et même une exposition aux Galeries Lafayette ! C’est Star Wars à toutes les sauces. Et que dire de ces produits dérivés ridicules qui galvaudent l’image de la saga : avait-on vraiment besoin de crocs Chewbacca, d’un aspirateur Stormtrooper, d’un coupe-pizza sabre-laser, d’un humidificateur Dark Vador ? Comment Lucasfilm peut-il autoriser pareil dévoiement de sa précieuse franchise ? La dernière fois qu’on a vu la même hystérie, c’était pour la naissance du prince George d’Angleterre. La création de George Lucas n’en sort pas grandie. Une chose est sûre, l’empire Disney est passé par là. Le studio a racheté Lucasfilm pour quatre milliards de dollars et entend bien rentabiliser sa mise au plus vite.

L’autre problème, plus inquiétant, c’est la banalisation rampante de la saga. Jusqu’à présent, tous les films étaient sortis avec trois ans d’intervalle. Un délai qui suscitait l’attente, qui provoquait le désir. On savait que c’était rare, et donc précieux. Un Star Wars, c’était toujours l’événement cinéma de l’année. Là, Disney va en sortir un par an jusqu’à épuisement du box-office. Même les Harry Potter n’ont pas été aussi vite ! On peut donc légitimement se poser la question de savoir si cette fréquence de sortie ne va pas banaliser la saga. Autrement dit, Star Wars va-t-il perdre son aura pour devenir une franchise « ordinaire » façon Fast and Furious ? Imaginons qu’il y ait un James Bond tous les ans au lieu de tous les trois ans, le prestige de l’agent 007 serait-il encore le même ? Confronté à cette surexploitation, Yoda aurait certainement dit : “Ta saga, comme un citron, tu ne presseras point.” 

Alain Bielik