S.F.X. N°202

Il est difficile pour la jeune génération d’imaginer le choc qu’a représenté le premier Star Wars à l’époque. De nos jours, le public est habitué à voir les blockbusters se succéder d’une semaine à l’autre, et il attend à chaque fois des images toujours plus incroyables. Il devient même de plus en plus difficile de le surprendre, surtout depuis que des séries comme Game of Thrones ont importé ces images d’anthologie sur le petit écran, les rendant encore plus « ordinaires » en quelque sorte. Aujourd’hui, les images « jamais vues » sont devenues la norme. Cette norme, c’est le premier Star Wars qui l’a créée.

En 1977, le cinéma était bien différent. C’était une époque où un film de Woody Allen pouvait finir dans les dix meilleures recettes de l’année (!), où seulement cinq ou six films à grand spectacle sortaient par an, et où le dernier film de science-fiction à succès datait de 1968. Star Wars était sorti en mai aux Etats-Unis, mais ne devait arriver en France qu’au mois d’octobre. C’est seulement pendant l’été que les médias ont commencé à parler de cet ovni cinématographique. En France, personne ne l’attendait.

Tout a changé le jour où le premier extrait a été diffusé à la télévision française. Un moment ancré dans la mémoire des futurs fans. Il faut se souvenir qu’à ce moment-là, la science-fiction au cinéma était surtout cérébrale (Solaris, Zardoz) et voilà qu’on découvrait sur le petit écran les images incroyables de deux héros tirant au canon laser depuis leur vaisseau en forme de soucoupe volante sur des engins bizarres qui faisaient un bruit de rugissement animal ! Ça ne ressemblait à rien de ce qu’on connaissait. Et c’était follement excitant !

Il a fallu ensuite attendre de longues semaines pour voir le reste, et là, le choc a été total. Oui, un choc, car le film inventait un genre nouveau. Rien de tel n’avait jamais été produit au cinéma. Une bataille de vaisseaux spatiaux, des engins aux lignes extraordinairement graphiques, une bande son ahurissante, un bestiaire à couper le souffle, des sabres laser (une idée de génie), de fougueux héros qui volent au secours d’une princesse… C’était le bon vieux cinéma d’aventures, de chevaliers, et de pirates transposé dans un univers fantastique. Et pour la première fois, cet univers de science-fiction semblait réel, vivant, habité… On y croyait ! 

Alain Bielik

Aujourd’hui, les blockbusters nous offrent régulièrement des images jamais vues. Avec le premier Star Wars, c’était le film tout entier qui était du jamais vu. Le concept, l’histoire, le son, l’action, les décors, les effets spéciaux, etc., rien de semblable n’avait existé auparavant. Et rien de tel n’a été produit depuis, en termes de rupture avec ce qui avait précédé dans le cinéma grand public. 

En 1977, George Lucas a inventé ce qu’on allait appeler le « blockbuster », et le cinéma n’a plus jamais été le même.