
S.F.X. N°201
La sortie récente de Hobbs & Shaw nous incite à réfléchir sur l’orientation du cinéma d’action. Dans les années 70, les films d’action, c’était Clint Eastwood ou Charles Bronson, des histoires crédibles à 100%, des personnages ancrés dans le réel. Avec l’arrivée de Stallone et de Schwarzenegger a commencé le règne du surhomme. Invulnérable, jamais en difficulté, jamais à court de balles, ce personnage a « tué » le héros trop humain des années 70. La vraie révolution est arrivée avec Piège de Cristal qui a innové en combinant film d’action et film catastrophe. Pour la première fois, le spectacle visuel avait autant d’importance que l’histoire policière elle-même. Dès lors, le cinéma d’action n’a eu de cesse de repousser les limites de ce spectacle, avec Michael Bay comme porte-étendard.
Mais Hollywood n’est jamais allé aussi loin dans l’excès qu’avec les derniers Fast & Furious. Dans cette saga, l’action est devenue énorme, exagérée, absurde. Et Hobbs & Shaw en constitue l’aboutissement ultime : pas une scène d’action n’est crédible, pas un combat n’est plausible, au point de transformer les personnages en figures de dessin animé, voire en superhéros. L’action est tellement outrancière qu’elle tue l’émotion. On admire le spectacle, mais sans s’investir émotionnellement. Pourtant, il est possible de mettre en scène un spectacle « hénaurme » tout en conservant l’humanité de l’action. Cas d’école, Mad Max : Fury Road. Voilà un film qui innove à chaque séquence, qui en met plein la vue, mais où le caractère extravagant de l’action n’empêche pas la tension dramatique. La différence tient en la vision d’un réalisateur, George Miller. Celui-ci envisage l’action comme moteur de l’histoire et pas comme un simple spectacle. On tremble pour Max et Furiosa, pas pour Hobbs, ni Shaw.
Autre cas d’école, les poursuites en voiture de Baby Driver face à, par exemple, celle de Spectre. D’un côté, des péripéties haletantes, un rythme infernal et un vrai suspense. De l’autre, une poursuite mécanique, sans âme, ni énergie. La différence ? La vision d’un vrai cinéaste, Edgar Wright, qui a conçu ses poursuites comme un tout cohérent où cadrage, montage et musique se complètent à la perfection : il est même allé jusqu’à incruster des objets qui défilent au premier plan au même rythme que la B.O. ! Côté James Bond, une réalisation impersonnelle confiée à une seconde équipe anonyme. Artiste inspiré d’un côté, techniciens compétents de l’autre…
Le cinéma d’action n’est jamais aussi magique que lorsque la mise en scène est portée par une vraie vision : si la séquence de la discothèque dans John Wick, celle du hall d’immeuble dans Matrix ou celle du corridor dans Inception restent de telles références, c’est parce qu’elles sont le fruit d’une vraie réflexion sur la symbiose entre action physique et mouvements de caméra, entre énergie de la musique et fluidité du montage. Leurs points communs : un enjeu clair, une gestion compréhensible de l’espace, une caméra sous contrôle, une action crédible… Autant de paramètres essentiels qui sont trop souvent oubliés au profit de l’esbroufe et de la surenchère.
Alain Bielik
Retrait actuellement non disponible
Livraison & Retours
Nous nous efforçons de traiter et d’expédier toutes les commandes dans les meilleurs délais, en travaillant avec rigueur pour que vos articles vous parviennent le plus rapidement possible. Besoin de faire un retour ? Il vous suffit de nous le signaler. Les frais de retour sont à la charge du client, sauf erreur de notre part. Le produit retourné doit être dans son état d’origine, non utilisé, et correctement emballé.
VOUS AIMEREZ AUSSI