
S.F.X. N°196
La nouvelle a fait le tour des rédactions : le chapeau d’Indiana Jones a été vendu pour la somme incroyable de 430.000 euros ! Près d’un demi-million d’euros pour un élément de costume qui n’a en soi rien de spécial (il avait été acheté dans le commerce) et qui n’est certainement pas unique.
Ce prix insensé illustre l’explosion du marché des pièces issues du cinéma. On voit aujourd’hui fleurir des ventes aux enchères où des pièces originales sont proposées au plus offrant. Et le prix moyen n’a pas cessé de grimper, y compris pour des pièces anecdotiques dont on a du mal à comprendre le prix final : par exemple, 150.000 euros pour un casque de Stormtrooper que rien ne différencie d’une réplique vendue 1000 fois moins cher dans le commerce. Ou bien 11.000 euros pour un simple clap de tournage d’Indiana Jones III…
Le marché s’est tellement emballé que tout se vend, et même n’importe quoi, du moment que ça a servi à un film. Grisé par la possibilité de posséder un objet authentique, le cinéphile est vite frustré par le prix des pièces de prestige. Il se rabat alors sur le tout-venant, comme cet acheteur qui a déboursé près de 900 euros pour une vulgaire caisse en bois… simplement parce qu’elle était frappée du logo d’ILM.
Il n’en a pas toujours été ainsi, loin de là. Il y a seulement dix ans, toutes ces pièces dormaient encore dans les archives des studios ou chez les techniciens qui les avaient récupérées sur les tournages, parfois même dans la benne à ordures. Le maquettiste Greg Jein (Rencontres du 3e Type) nous avait raconté que, dans les années 70, un ami qui travaillait à la Fox l’avait prévenu que le studio allait détruire un hangar de stockage d’accessoires et que tout devait partir à la benne ! Jein avait sauvé ce qu’il avait pu avec son pick-up, le reste avait été détruit. Tout un pan de l’histoire d’Hollywood disparu par décision comptable… À l’époque, tout ceci n’avait aucune valeur. Aujourd’hui, ça vaut de l’or.
Le problème, c’est que les prix sont devenus tels que les musées ne peuvent plus acquérir quoi que ce soit de significatif. Du coup, les plus belles pièces disparaissent de la circulation au profit de richissimes collectionneurs privés. Ceux-ci (dont Peter Jackson) ont fait de ce marché leur nouvel eldorado : un objet de cinéma célèbre est têêêêêllement plus chic qu’un tableau…
En 2005, votre serviteur avait organisé une grande exposition SFX temporaire au Musée Miniature et Cinéma de Lyon. Des dizaines de pièces uniques avaient été ramenées des Etats-Unis ; aujourd’hui, elles ont toutes été vendues. Impossible de monter la même exposition en 2018. Désormais, ce sont toujours les mêmes pièces de prestige qui tournent dans les expositions, celles qui avaient été achetées avant la folie inflationniste. Les autres, plus personne ne les reverra dans un espace public. Quelque part, c’est comme si la mémoire du cinéma était en train d’être privatisée, et on peut le regretter. Heureusement qu’il reste les pages de S.F.X pour continuer à rêver !
Alain Bielik
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