
S.F.X. N°189
Les désaccords sur un film en production, ça arrive souvent. Mais qu’un cinéaste (ou deux) soit remercié en plein tournage, c’est extrêmement rare. Et que cela se produise sur un film majeur comme un Star Wars, c’est encore plus choquant. Une fois de plus, ce sont les fameuses « divergences artistiques » qui ont été évoquées pour justifier le départ surprise de Phil Lord et Chris Miller du Han Solo Movie. Les réalisateurs avaient été choisis pour apporter à la saga Star Wars l’humour décalé qui avait si bien fonctionné sur 21 Jump Street ou le film Lego. Mais apparemment, ils sont allés trop loin dans ce sens – tellement loin que Lucasfilm les a remerciés après cinq mois de tournage !
Ce psychodrame illustre l’un des maux les plus profonds d’Hollywood : le lissage des individualités. Les studios sont toujours en quête de nouveaux talents, ils cherchent constamment la perle rare qui saura faire sortir leur prochain blockbuster du lot. Ils veulent de l’originalité, de l’impertinence, une vraie vision… Le jeune cinéaste, parfois européen, parfois asiatique, débarque alors sur le plateau bercé d’illusions. Et puis, il se rend compte que le projet est déjà préformaté et qu’on attend surtout de lui qu’il finisse dans les temps et pour le budget prévu… Cas d’école, Michel Gondry sur Green Hornet (2011) : notre cinéaste le plus original qui signe son film le plus impersonnel et le plus aseptisé…
Pourquoi donc les studios persistent-ils à chercher des individualités, si c’est pour ensuite gommer tout ce qui les avait séduits chez ces cinéastes ! Une seule chose peut expliquer ce paradoxe : la peur. Ces longs-métrages sont tellement coûteux que les responsables paniquent à l’idée de s’aliéner une partie du public avec un film au ton trop personnel. En lissant toutes les aspérités, ils espèrent toucher le public le plus large possible.
Dans cet univers où l’on mise au minimum 150 millions sur chaque film, seul Warner Bros. ose jouer la différence (Deadpool ne compte pas car il s’agit d’un film à petit budget dans le genre). Nul ne peut nier que les films de Zack Snyder ne ressemblent à aucun autre, ni que Wonder Woman a su trouver sa propre identité, ni que The Dark Knight a innové comme jamais. Rien de tel chez Marvel où les films sont tellement formatés qu’on pourrait intervertir les réalisateurs et obtenir le même résultat, à peu de choses près.
Peut-être que les studios commenceront à réagir lorsque les spectateurs se mettront à bouder ces films qui se ressemblent tous. Et ce jour-là, les blockbusters auront tous la fraîcheur d’un Deadpool ou l’humanité d’un Logan.
On peut rêver, non ?
Alain Bielik
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