Passer aux informations sur le produit
S.F.X. N°179

S.F.X. N°179

€5,90

Le débat « animation 3D vs effets réels » n’a jamais été aussi vif que depuis cette année. Même le prestigieux quotidien des professionnels d’Hollywood, Variety, s’est fendu d’un éditorial sur le sujet. Deux films ont cristallisé la discussion : Avengers : L’Ère d’Ultron et Mad Max : Fury Road. Sortis à trois semaines d’intervalle, ils symbolisent deux approches totalement différentes du cinéma. Dans le premier cas, une overdose d’images de synthèse qui donne aux scènes d’action l’apparence d’un jeu vidéo. Voir ainsi le plan-séquence de la bataille qui ouvre le film : rempli de personnages numérisés, truffé de mouvements de caméra impossibles, trop rapide pour que le spectateur ait le temps de comprendre quoi que ce soit, il n’a pas une once de réalisme. L’action ne suscite aucune implication émotionnelle, ce qui réduit les Avengers au statut de Super Marios de luxe. Autre illustration de cette dérive « tout numérique », on retrouve dans Jurassic World le même plan impossible de caméra suivant la moto du héros lancé à fond en pleine forêt. Sauf que Colin Trevorrow est allé encore plus loin dans l’irrationnel : la folle course dans la jungle se déroule… en pleine nuit. Jamais le Jurassic Park de Steven Spielberg n’avait sombré dans de tels excès et c’est bien pour ça que ses effets visuels font encore référence, 22 ans après.

La sortie de Mad Max : Fury Road a ringardisé cette approche « synthétique » du cinéma. Le film de George Miller a beau comporter plus de 2000 plans à effets visuels, pas un seul instant il ne donne l’impression d’être un « film à effets visuels ». Tout a l’air réel, authentique. La raison ? L’action a été réellement filmée. Du coup, les personnages, les véhicules et la caméra bougent de manière naturelle – et le spectateur en est conscient, même sans y penser. À l’inverse, chaque plan d’action de Avengers paraît artificiel. Dans le même débat, on peut aussi opposer les Jason Bourne aux Fast & Furious, Le Hobbit au Seigneur des Anneaux, la première trilogie Star Wars à la deuxième, le remake de The Thing à l’original… D’un côté, des films dans lesquels l’action et les personnages paraissent réels, de l’autre, des longs-métrages où l’omniprésence des images de synthèse (créatures, caméra, décor…) finit par étouffer toute humanité. Sans compter cette mode exaspérante de conclure chaque blockbuster par une bataille rangée aussi interminable qu’artificielle (Man of Steel, les Transformers, les Avengers…), là où une approche intimiste basée sur la tension fonctionne parfois beaucoup mieux (La Vengeance dans la Peau, Skyfall, World War Z).

Grisés par la liberté que leur offrent les images de synthèse, les réalisateurs devraient peut-être songer à ce dicton : ce n’est pas parce qu’on peut le faire, qu’on doit le faire…

Alain Bielik

Livraison & Retours

Nous nous efforçons de traiter et d’expédier toutes les commandes dans les meilleurs délais, en travaillant avec rigueur pour que vos articles vous parviennent le plus rapidement possible. Besoin de faire un retour ? Il vous suffit de nous le signaler. Les frais de retour sont à la charge du client, sauf erreur de notre part. Le produit retourné doit être dans son état d’origine, non utilisé, et correctement emballé.

VOUS AIMEREZ AUSSI