S.F.X. N°177

Ces derniers mois, deux gros films fantastiques ont suscité des discussions très intéressantes aux Etats-Unis. Les échecs consécutifs de Jupiter : Le Destin de l’Univers et À la Poursuite de Demain ont en effet relancé le débat autour de l’omniprésence des suites, remakes et reboots. Voilà en effet deux films complètement originaux, très spectaculaires, basés sur aucune histoire existante. Deux visions fraîches, portées par deux stars populaires et signées par des réalisateurs de renom. A priori, tout ce que le grand public demande, lui qui se plaint de voir toujours la même chose. Pour une fois qu’Hollywood proposait des histoires originales, tout le monde allait s’y précipiter, n’est-ce pas ? Sauf que non. Aucun des deux films n’a trouvé son public. Cherchez l’erreur. Une partie de la critique s’est élevée contre le comportement moutonnier des spectateurs. Ces deux échecs seraient la preuve que le grand public, malgré toutes ses belles déclarations, préférait payer pour voir ce qu’il connaissait déjà. Le risque de la découverte, de l’inconnu, non merci. Le spectateur moyen aime se retrouver en terrain familier, et fuit la nouveauté. En même temps, certaines voix se sont élevées pour suggérer que, si ces deux films ont été boudés, c’est surtout parce qu’ils n’étaient pas très bons. Lorsque la critique est plus ou moins unanime, comme pour Gravity, Interstellar ou Les Gardiens de la Galaxie, le public suit. Le problème serait donc lié à la qualité des films, et non pas à leur caractère inédit. Le débat est ouvert, mais le mal est déjà fait : inévitablement, les studios vont tirer les leçons de ces deux échecs. Impossible désormais de lancer un film original à 150 millions de dollars sans avoir un Spielberg, un Cameron, un Nolan ou un Marvel derrière. La conséquence, c’est que la plupart des projets originaux à très gros budget vont passer à la trappe. Et qu’on aura toujours plus de remakes et de suites et de reboots…

Alain Bielik