S.F.X. N°203

En 2022, cela fera 60 ans que James Bond règne sur le grand écran. Faisons ici une pause pour bien intégrer l’information. Soixante ans… Il n’existe rien de comparable, de près ou de loin, dans l’histoire du cinéma. L’immense majorité de nos lecteurs n’étaient même pas nés quand le premier 007 est sorti ! Et le plus remarquable, c’est que la franchise est gérée depuis le début par la même famille. Deux générations de Brocoli se sont succédé à la production. 60 ans, 25 films, et une seule vision depuis le début… Qui dit mieux ? Pour mettre cette longévité en perspective, c’est comme si la fille de Kevin Feige, patron de Marvel Studios, était toujours en train de produire des Iron Man… en 2068 !

Toutes ces années, les Brocoli n’ont jamais cédé aux pressions des studios pour développer « l’univers James Bond » : pas de série, pas d’accélération du rythme de sortie, pas de merchandising dévalorisant… Une intégrité admirable qui a permis de perpétuer le prestige de la saga : même après 25 films, un James Bond reste un événement majeur. Qui a dit que les franchises s’usaient au bout de quatre ou cinq films ?

Au fil des ans, de nombreux concurrents ont tenté de détrôner l’agent britannique. Ils sont arrivés, ils sont repartis, Bond est resté. Le seul personnage qui a pu lui faire de l’ombre, c’est Jason Bourne, mais les chiffres sont impitoyables : les films de Matt Damon n’ont jamais dépassé la moitié du box office de ceux de Daniel Craig ! À l’époque de la sortie de xXx, le producteur Neal Moritz se vantait d’avoir trouvé la formule qui allait terrasser l’agent 007 : “Aujourd’hui, ce sont les jeunes qui vont au cinéma, et ils ne s’habillent pas comme James Bond ! Ils veulent un héros qui leur ressemble, qui soit de leur époque, qui écoute la même musique… xXx est ce héros !” xXx qui ?…

Cette déclaration révélait une profonde incompréhension de ce qui fait le succès de James Bond. Le secret de l’agent 007, c’est qu’il fait rêver… Personne ne rêve d’être Jason Bourne, alors que Bond… On rêve de son assurance, de sa séduction, de ses réparties, de ses voitures, de ses gadgets, de ses voyages, de ses talents… Une cool attitude forgée dès sa première apparition à l’écran, un plan iconique de deux secondes qui dit tout du personnage.

Comme quelqu’un l’a très bien dit, « Les hommes veulent être James Bond, les femmes veulent être avec James Bond… » Une formule souvent imitée, jamais égalée. Respect, Madame Brocoli. 

Alain Bielik